2° dimanche de carême.
Voyage ,
aventure , route, pèlerinage… Voilà des mots qui peuvent
évoquer pour nous le Carême dans lequel nous sommes entrés depuis plus
d’une semaine. Car, précisément, les lectures d’aujourd’hui nous
présentent la foi comme un voyage, une aventure avec Dieu qui nous
indique la route à suivre pour notre bonheur.
Dans la première
lecture, nous entendons Dieu s’adresser à Abraham en ces termes :
« Pars de ton pays…» (Gn 12,1). Des exégètes nous disent que la
traduction exacte de l’hébreu est : « Va, pour toi, pars pour
toi, de ton pays. » Tout l’enjeu de la foi est là, dans ce
« pour toi ». Si Dieu appelle, c’est pour le bonheur de
l’homme, pas pour autre chose. Abraham est choisi par Dieu et ce
bonheur qui lui est promis n’est pas pour lui tout seul. Lorsque Dieu
appelle, c’est toujours en vue d’une mission au service des autres. Ce
projet de bonheur que Dieu promet passe par Abraham et il concerne
toute l’humanité : « En toi seront bénies toutes les familles
de la terre » (Gn 12, 3)
Abraham est le père des croyants.
Il a entendu et accueilli l’appel de Dieu et il y a répondu, c’est bien
la plus belle preuve de foi. Et, nous croyants d’aujourd’hui, nous
pouvons dire que notre foi trouve sa source dans celle d’Abraham.
Dieu
s’adresse aujourd’hui à chacune et chacun d’entre nous en ce temps de
Carême : «Va, avance, pour toi ! » Nous pouvons penser à tous
les catéchumènes, jeunes et adultes qui se sont mis en route et qui se
préparent à recevoir le baptême dans la nuit de Pâques. C’est un
véritable bouleversement dans leur vie. Pour la plupart d’entre nous,
le baptême n’a pas été un choix personnel, puisque nous avons été
baptisés enfants. Nous nous sommes trouvés comme embarqués dans la
caravane chrétienne mais, si nous sommes là ce matin, c’est bien
parce que nous en sommes heureux. Cependant, pour être de vrais
disciples du Christ, il nous faut sortir de nos certitudes, de nos
fausses sécurités, de tout ce qui nous enferme sur nous-mêmes et
continuer à avancer dans la foi. Sur cette route, nous avons une carte
routière : c'est la Parole du Christ qui nous guide et nous nourrit et
qui nous aide à tracer notre itinéraire de vie.
Répondre à
l’appel du Seigneur n’exclut pas les difficultés ni même les
souffrances. Dans la deuxième lecture, Paul est très franc avec son
disciple et collaborateur Timothée. Il ne lui dit pas : « Tu
vas voir, c’est facile », il lui dit : « Avec la force
de Dieu, prends ta part de souffrance pour l’annonce de
l’Evangile. » Celui qui veut témoigner de sa foi est forcément
confronté aux moqueries ou du moins à l’indifférence qui peut régner
dans son milieu de vie. Et pourquoi faut-il malgré tout continuer à
annoncer l’Evangile ? Et bien, parce que c’est une parole
libératrice. Il faut faire savoir aux hommes que Dieu les a sauvés.
Paul dit : « Dieu nous a sauvé par Jésus-Christ ».
Ce
texte de Paul nous révèle donc un Dieu qui nous sauve. Dans la Bible,
le mot « sauver » signifie « libérer ». Dieu
intervient pour libérer l’homme de toutes les formes d’esclavage. Voilà
donc ce projet de Dieu. Pour l’annoncer au monde, Timothée doit compter
d’abord sur la puissance de ce Dieu qui l’envoie. Comme lui, nous
sommes invités à prendre notre « part de souffrance » pour
l’annonce de l’Evangile, mais, n’ayons pas peur car, chaque fois que
nous sommes en service commandé pour l’annonce de l’Evangile, nous
pouvons compter, comme le dit St Paul, sur la force de Dieu.
Et,
la belle page d’Evangile de ce jour, l'évangile de la Transfiguration
nous montre le point d'arrivée de notre route. Jésus choisit trois de
ses disciples, Pierre, Jacques et Jean pour les conduire sur une haute
montagne. Une montagne qui évoque celle où Moïse avait eu la révélation
du Dieu de l’alliance. C’est aussi sur une haute montagne que le
prophète Elie avait eu la révélation du Dieu de tendresse dans la brise
légère.
Sur cette montagne, Jésus est transfiguré de lumière, il
leur révèle le visage de Dieu. Cette révélation, nous dit St Luc dans
son évangile, se passe au cours d'un temps de prière. Ce moment
d'intimité avec le Père est si fort que son visage devient tout autre.
Cette manifestation de sa gloire est destinée à préparer les disciples
à l'étape la plus difficile pour eux. Dans quelques jours, ils verront
son visage défiguré. Et surtout, ils le verront mourir sur une croix.
Aujourd'hui, il leur révèle la gloire qui sera la sienne le jour de
Pâques. Il nous montre à tous, le but du voyage. Cette Transfiguration
c'est comme une fenêtre sur la résurrection et la vie auprès du Père.
Cet
évangile de la Transfiguration est une bonne nouvelle pour chacun de
nous et pour notre monde. Cet événement donne sens à notre vie. Il nous
révèle notre avenir. Si Dieu aujourd’hui s’identifie aussi
clairement à Jésus, c’est parce qu’il a depuis toujours le projet de
faire de nous ses fils. En Jésus, l’ Homme-Dieu, c’est l’humanité tout
entière qui sera transfigurée.
Le Christ est là avec nous pour
nous soutenir, nous porter ; nous sommes appelés à prendre part avec
lui à la victoire de Pâques. Le plus important, c'est d'entendre cet
appel du Père : "Ecoutez-le !" Vous pouvez vous fier à lui, je vous
demande de l’écouter, de le suivre dans la foi, même si vous ne
comprenez pas tout maintenant.
Cette Parole de Dieu qui
nous est offerte en ce dimanche, ne la recevons pas comme un reportage
journalistique mais bien plutôt comme un message, une lumière, un
guide pour poursuivre notre route.
Cet appel est offert à tous
sans exception. C'est pour chacun de nos frères les hommes que le Père
nous dit : "Celui-ci est mon enfant bien-aimé en qui j'ai mis tout mon
amour…" Notre regard doit donc en être modifié. Pensons en
particulier à tous ces visages défigurés par la famine, les violences,
la maladie. Nous voyons bien que ce monde est maltraité mais nous
sommes tirés par l'espérance de la Transfiguration finale. Rien ne
pourra empêcher cette promesse du Christ de se réaliser. Alors oui,
comme Abraham et bien d'autres, mettons-nous en route à la suite du
Seigneur.
André ROUL, diacre permanent.
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