2° dimanche de pâques.
Le tombeau ouvert est vide...
Les disciples sont réunis dans une salle pleine, aux portes verrouillées...
Quel contraste entre les deux !
Si la peur de ceux qui ont crucifié Jésus a conduit les disciples
à se murer comme dans un tombeau, voici qu’ils vont vivre quelque chose
comme une résurrection ! Ils vont dépasser la peur, la tristesse
de l’absence dont parle Pierre dans sa Lettre (2è lecture) « vous
tressaillez de joie, même s’il faut que vous soyez attristés, par
toutes sortes d’épreuves... »
Le Christ
vient parmi eux et leur dit :« La Paix soit avec
vous » Ce mot de Paix revient souvent dans les récits des
apparitions après la résurrection du Christ. Ceci est
significatif. En effet, dans les écritures, c’est la foi qui est donnée
comme contraire à la peur. « Soyez sans crainte, croyez en moi et
vous vivrez »
Nous pouvons donc dire que foi et paix vont
ensemble. L’homme et Dieu ne s’affrontent plus comme en genèse autour
du fruit de l’arbre ‘’la pomme de discorde’’
Un monde nouveau est né. Dieu et l’homme ne font plus qu’un.
Toutes les portes sont ouvertes !
Il leur dit encore :« De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie »
Remplis de joie en revoyant celui qui était mort, ils reçoivent en premier une mission.
Il n’est plus question de rester enfermés dans la mort !
Il s’agit d’aller vers tout homme, aux quatre coins du monde.
Jésus
ajoute : « Recevez l’Esprit Saint »
Jésus, le Christ, pose son
regard sur chacun et souffle sur eux, comme au jour de la
création où Dieu insuffle à l’homme son haleine de vie.
Il
donne son Esprit aux disciples, faisant d’eux des
créatures nouvelles. Ils parleront avec son souffle et seront capables
de continuer son œuvre de
miséricorde.
Ce dimanche est celui qu’on appelle aussi ‘’de la divine miséricorde’’
Il est bon de se redire ce que cela signifie. La miséricorde est une
attention qui prend le temps et les moyens de secourir (comme le fait
le bon samaritain) sans hésiter à payer de sa personne avec tous les
risques que cela comporte, dans la gratuité.
En même temps qu’ils reçoivent l’Esprit Saint, les disciples entendent le Christ leur préciser la mission.
« Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis. »
N’est-ce pas cela aussi résurrection ?
Il s’agit en effet bien plus que d’être acquittés. Il s’agit de libérer
les hommes des forces de la mort, de les affranchir de leurs
comportements qui conduisent à mourir.
Et la parole des disciples parviendra jusqu’à nous
aujourd’hui, gardant toute sa force, celle d’annoncer le pardon de
Dieu, sa miséricorde, la réconciliation.
N’est-ce pas incroyable ?
Hé bien je trouve que ce qui est le plus surprenant, c’est la puissance
du dynamisme qui continue encore à soulever des hommes de toutes races
et cultures pour suivre un crucifié ! Cette puissance n’est autre
que la Parole de Dieu. Et cela porte un nom : « l’Esprit
Saint » force de Dieu !
C’est ainsi que Saint Jean nous situe la Pentecôte...
Incroyable ? C’est bien ce que vit
Thomas, notre jumeau dans l’incrédulité, notre jumeau dans notre
résistance à la Bonne Nouvelle !
Mais au fond, je me dis qu’il n’est pas si loin des
autres qui ont cru à la nouvelle présence du Christ en voyant ses
plaies.
Thomas n’est-il pas comme nous et nous comme lui ?
Nous savons bien que nous demandons tous, au moins
de temps en temps, des signes pour consentir à croire.
Hé bien, ce
Thomas demande à voir et le Christ, qui a souvent vivement réagi contre
ceux qui demandaient des signes, lui rend raison. Il
cède.
Belle image de
l’immense tendresse de Dieu qui se soumet à l’homme !
Cette tendresse , elle conduit Thomas à prononcer
ces mots extraordinaires : « Mon Seigneur et mon
Dieu »
N’est-ce pas l’expression formidable de l’amour du disciple ?
Pour la première fois dans l’évangile, Jésus est appelé Dieu !
Comme Thomas, maintenant, nous sommes appelés à dire notre foi et à la vivre en actes.
C’est là que la première lecture des actes des
apôtres nous donne des clefs et nous interpelle.
Rappelons-nous d’abord que notre foi n’est pas notre œuvre, mais celle de Dieu.
Par conséquent, ne nous effrayons pas trop de notre
faiblesse à croire. Jésus sera toujours Celui qui nous précède,
présent, et comme dit Jacob en Genèse : « Dieu était là et je
ne le savais pas... »
Frères et sœurs, comment vivre de la Parole, dans notre communauté
chrétienne, en prenant les moyens de devenir plus croyants,(ce qui
n’est jamais gagné une fois pour toutes) ?
La première communauté chrétienne nous apporte des
réponses qui l’ont fait tenir jusqu’au bout. Elle apparaît
vivante,chaleureuse,fraternelle...peut-être un peu
idéalisée ...mais elle y tend.
Vivons-nous ainsi, ou notre communauté est-elle
plutôt celle de l’évangile de ce jour : verrouillée, peureuse,
repliée sur elle-même et vaguement coupable seulement de la mort du
Christ ? Et pas encore sûre de la résurrection ?
Si
nous voulons être vraiment des messagers de la Parole, il nous
faut vivre, comme les premiers chrétiens, ce que nous avons
entendu :
-Ils étaient Fidèles à écouter
l’enseignement des apôtres . ET NOUS ? Sans cela nous
oublierons le Seigneur et son message. Ouvrons les livres des
évangiles, approfondissons la parole en la méditant seul ou en équipe,
en Eglise, en mouvement, en formation biblique.
-Ils étaient Fidèles à vivre en communion fraternelle. ET NOUS ?
c’est à dire qu’ils partageaient, en aimant. Cette exigence est le
commandement du Christ. « Aimez-vous les uns les autres, comme je
vous ai aimés »
-Ils étaient Fidèles à l’Eucharistie. ET NOUS ? Le rassemblement
du dimanche est une invitation vitale. C’est le repas qui nous nourrit
du Christ lui-même, qui se donne pour vivre en nous et nous en Lui.
C’est le repas partagé, fraction du pain, pour faire corps. (Eglise
corps du Christ) « Ceci est mon corps, ceci est mon sang...Faites
cela en mémoire de moi »
-Ils étaient
Fidèles à la prière.( personnelle ou en Eglise). ET NOUS ? Sachons
demander. Le Seigneur nous a dit de ne pas nous lasser. Il nous a donné
les paroles du Notre Père pour apprendre à pardonner comme nous le
sommes nous-mêmes. Comme les apôtres, souvenons-nous de la place de la
prière dans la vie de Jésus et de l’importance de sa relation à son
Père. J’aime à redire aux jeunes couples qui se préparent au mariage
que l’amour se vit et dure en gardant le contact permanent, sinon
il meurt.
Frères et sœurs, la flamme que vous avez reçue au baptême est fragile...Ne la laissez pas s’éteindre.
Et puis, Merci Thomas de nous provoquer à croire sans avoir vu ce que tu as vu !
Jean François NEAU
Diacre permanent
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