31° dimanche ordinaire.
Homélie du 31ème dimanche du T.O.
2 nov. 08 : Commémoration des fidèles défunts
Ce
n’est pas tous les ans que nous célébrons la commémoration de tous les
fidèles défunts un dimanche. Cette occasion se présente cette année et
cette fête nous permet de réfléchir sur ce qui nous attend après notre
mort, sur la mort elle-même , sur notre vie terrestre et aussi sur les
fidèles défunts eux-mêmes.
Sœur Emmanuelle, quelque temps avant sa
mort disait : « Je n’ai pas peur de mourir, mourir devrait
être le plus beau jour de ma vie » et elle ajoutait :
« Quelle joie de marcher vers cette ultime rencontre »
Ces
paroles peuvent nous surprendre, car ordinairement, il ne nous vient
pas à la pensée que le plus beau jour de notre vie soit le jour de
notre mort. Nous pensons plutôt à un mariage, à une naissance, à une
ordination.
Comment Sœur Emmanuelle a-t-elle pu prononcer cette affirmation ?
Et
bien parce que la résurrection de Jésus nous ouvre un chemin. Avec lui,
nous sommes surs de triompher de la mort et du mal dès maintenant et
pour l’éternité. Tout le message de l’Evangile est construit sur la
résurrection de Jésus. Sans lui notre foi serait vaine, comme nous le
rappelle st Paul. La mort est un passage de cette vie à une vie
meilleure, elle est la porte d’entrée dans la gloire même de Dieu.
Pour
dire et croire cela, il faut avoir la foi et beaucoup d’espérance. Sœur
Emmanuelle, même si elle a eu ses périodes de doute et de
découragement, qu’elle ne cachait pas, était convaincue de cette
grande vérité.
St Paul que nous venons d’entendre dit en des termes
théologiques la même chose. Par notre foi, notre espérance, l’Esprit a
fait de nous des enfants de notre Père du Ciel et, comme tout enfant,
nous sommes donc héritiers du Père. Et cet héritage, c’est la vie
éternelle. C’est ce que nous rappelaient aussi la 1ère lecture et le
psaume qui l’a suivie.
Si Sœur Emmanuelle a tenu ces propos sur la
mort, c’est sans doute qu’elle a emprunté avec un grand courage, une
grande fidélité le chemin du Christ. Elle disait aussi avec beaucoup
d’humilité et de sagesse : « J’aurais pu mieux faire,
j’aurais dû mieux faire. Mais j’ai fait ce que mon cœur et mon Dieu me
dictaient » et elle ajoutait : « L’amour est plus fort
que tout, plus fort que la mort ».
Notre vie ici-bas
constitue une longue préparation à la vie de l’au-delà, ou mieux
une première étape de notre vie avec Dieu. C’est comme nous le rappelle
l’Evangile, une vie de service de Dieu et de nos frères
particulièrement les plus démunis de ce monde.
C’est avec ce que
nous sommes et ce que nous possédons, là où nous vivons, que nous
sommes appelés à vivre notre vocation de baptisés et à revêtir la tenue
de serviteur et de servante de Dieu et de nos frères. Il y aura
toujours autour de nous, des personnes qui solliciteront notre
attention, notre affection, notre secours, notre service, notre
encouragement. Ouvrons nos yeux, nos mains et notre cœur. Et alors nous
serons véritablement des serviteurs fidèles et attentifs, des justes
dans la main de Dieu et nous serons de véritables candidats à
l’héritage de la vie éternelle.
Depuis St Augustin et St Jean de la
Croix, nous savons que le poids de notre vie, c’est notre amour et
qu’au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour que nous aurons
donné à Dieu et aux autres. La question essentielle qui nous sera posée
est celle-ci : « Est-ce que tu as su aimer ? »
Pour
pouvoir répondre oui, il faut aussi se poser une autre question en
amont : « Est-ce que tu t’es laissé aimer ?
Me
laisser aimer par Dieu, par son Fils bien aimé et par mes frères et
sœurs. Par tous ceux dont je croise la route, pour qu’un peu d’amour
puisse chaque jour sortir de mon cœur, de mes mains ou de mes lèvres.
Nous
avons aussi à vivre et tout particulièrement ce jour, en union avec les
fidèles défunts de nos familles, de notre communauté chrétienne et de
notre monde. Si nous avons une pensée toute particulière dans nos
prières pour les personnes que nous connaissons ou pour celles qui sont
décédées dans l’année, nous pensons aussi à toutes celles qui sont
mortes de faim ou sous la torture, à celles qui sont mortes dans
l’anonymat, oubliées de presque tous.
Cette fête nous invite à nous
souvenir et à prier pour nos défunts et les défunts du monde. Mais elle
nous rappelle également de prier par eux, car elles sont déjà dans la
gloire de Dieu. Comme nous intercédons auprès de Marie, de Joseph, de
Jean ou tout autre saint, demandons leur d’intercéder pour nous auprès
du Père pour l’éternité.
La commémoration des défunts n’est pas
simplement une fête du souvenir. Elle est aussi une invitation à
raviver notre foi, à renforcer notre espérance en la résurrection. Elle
est également un appel pour faire de notre vie ici bas un service
humble et constant des autres et du Seigneur pour que nous puissions au
terme de notre vie, entendre : « Humble serviteur, entre dans
la joie de ton maître ! »
Jean-Pierre BIRAUD, diacre permanent.
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