5° dimanche de carême.
(Journée du C.C.F.D.)
Au
cours de la veillée pascale, et le jour de Pâques, nous serons tous
invités à renouveler les promesses de notre baptême, à proclamer notre
foi au Christ ressuscité, vainqueur de la mort. Ce temps de Carême dans
lequel nous sommes entrés depuis presque un mois veut nous y préparer.
Il y a quinze jours, Dieu, en Jésus, s’est révélé à la Samaritaine
comme étant la source d’eau vive, dimanche dernier, à l’aveugle qu’il a
guéri il s’est révélé comme la lumière du monde et, aujourd’hui, en
faisant revenir Lazare à la vie, il nous dit qu’il est lui-même la
résurrection et la vie. Il nous invite à voir la mort comme un passage
vers la vraie Vie. Cette vie que Jésus veut nous donner c’est celle de
Dieu. Il nous assure d’ailleurs que rien ne pourra nous séparer de son
amour : « Je suis avec vous tous les jours et jusqu’à la fin
du monde. »
Ces trois récits nous invitent à l’espérance et
nous permettent d’envisager la vie sans désespérer car nous nous savons
aimés de Dieu. Jésus connaît, comprend, partage et soulage la
souffrance des hommes. Dans l’évangile d’aujourd’hui, il nous apparaît
tellement humain qu’il est l’homme par excellence, plus humain que tous
les humains car il est du côté de ceux qui souffrent, de ceux qui ont
perdu tout espoir.
C’est pourquoi nous sommes invités à
témoigner de l’espérance qui nous anime et de tout faire pour que cette
bonne nouvelle continue à se réaliser aujourd’hui. La promesse du
Christ nous invite à une vie pleine d’espérance et de projets nouveaux
dès maintenant et pas seulement après notre mort. L’attitude chrétienne
c’est bien sûr l’acceptation sereine de la vie et, en même temps, de
faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que l’homme, tout homme,
vive le mieux possible. C’est pour cela qu’un des 3 thèmes forts du
Carême est celui du Partage.
Pour l’Eglise l’homme est premier et
nous devons, chacun à notre niveau, lui permettre d’accéder à une vie
plus humaine dans tous les sens du terme, y compris bien sûr dans sa
dimension spirituelle.
Partager, oui, mais quoi et pourquoi ?
Abordons la question concrètement par un petit retour historique.
En
1960 La FAO, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et
l’agriculture dénonce la tragédie de la faim qui frappe des dizaines de
millions d’êtres humains sur notre terre, Et aussitôt le Pape Jean
XXIII reprend ce cri d’alarme et les mouvements et services d’Eglise
déjà engagés dans des actions de solidarité sont invités à unir leurs
forces et à agir ensemble. Les évêques de France de l’époque
« reçoivent mission d’animer une campagne de solidarité
internationale pendant le Carême et d’en gérer la collecte ».
C’est ainsi que naîtra en 1964 le C.C.F.D, Comité Catholique contre la
Faim et pour le Développement et que le 5e dimanche de Carême sera
retenu chaque année comme un temps fort d’information et d’invitation
au partage pour tous les chrétiens de France. Et, la très célèbre
Encyclique du Pape Paul VI « Populorum Progressio) « sur le
développement des peuples » qui paraîtra trois ans plus tard, en
1967, inspirera son action. Oui, Il faut vaincre la faim dans le monde
et cela ne peut se faire que par le développement des peuples, un
développement qui se fera en partenariat avec ceux qui sont directement
concernés.
Ce dont je viens de parler remonte a plus de quarante
ans et depuis, beaucoup de choses ont changé dans le monde. Il y a eu
la fin des trente glorieuses, l’effondrement du communisme soviétique,
l’émergence de nouvelles puissances économiques et, dans les faits,
malgré tous les efforts entrepris, au lieu de s’atténuer, les
disparités n’ont cessé de croître, entre les pays comme à l’intérieur
des sociétés. Et puis, de nouveaux défis sont apparus sur les
plans énergétique, climatique et démographique. Un nouveau terme est
apparue, celui de « mondialisation » qui souligne les
interdépendances multiples des sociétés à l’échelle planétaire. Il faut
savoir que la population mondiale a plus que doublé depuis la seconde
guerre mondiale et qu’elle atteindra les neuf milliards en 2050. Les
ressources de notre planète ne sont pas inépuisables et les populations
les plus pauvres sont toujours les premières touchées.
C’est
pourquoi il apparaît utile de revisiter le sens de ce mot
« développement » en nous posant la question de savoir ce
qu’il recouvre aujourd’hui et à quoi il nous appelle.
Le
développement, tel qu’il a été pensé au sortir de la guerre, est battu
en brèche. Très longtemps la notion de développement a été assimilée à
la seule croissance économique d’un pays. C’est ainsi qu’on
parlait de pays « développés » et de pays
« sous-développés » ou mieux « en voie de
développement ». Or, on constate qu’au lieu de se combler,
le fossé s’élargit entre riches et pauvres dans le monde. Les pays dits
« développés » tout en cherchant sans doute à apporter une
aide financière, technique et éducative aux pays dits
« sous-développés » ont en même temps voulu en tirer bénéfice
et ont, dans les faits appauvri encore un peu plus ces pays en
détériorant les termes de l’échange, achetant à bas prix les produits
agricoles et minéraux du tiers-monde et en leur imposant des produits
manufacturés qui leur sont maintenant devenus quasi-indispensables et
qui nuisent à leur souveraineté alimentaire. Un tout petit
exemple : en 1997, lors d’un voyage au Cambodge, j’ai été surpris
de trouver en pleine brousse, dans les endroits les plus éloignés, des
vendeurs de Coca-Cola. Et, en 2004, j’ai constaté la même situation, en
Afrique Occidentale, notamment au Mali, dans les plus petits villages
du pays dogon, ce qui était complètement impensable il y a quarante
ans.
De fait, nous constatons que l’excès d’un ultralibéralisme
met en péril l’avenir de notre planète. Et force est de constater que
notre monde actuel est caractérisé par la persistance d’inégalités
entre pays et à l’intérieur des pays eux-mêmes
C’est pourquoi le
CCFD veut nous faire entrer cette année, et cela se poursuivra au cours
des trois prochaines années, dans un nouvel axe de réflexion et nous
invite à réfléchir sur « le sens du développement ». Nous
parlons d’ailleurs maintenant, de « développement durable »
ce qui inclut toutes les questions liées à l'énergie, l'eau, la
biodiversité, la pollution des sols, la déforestation, et également la
concentration géographique de la pauvreté, les migrations de
populations.
Nous sommes invités à mieux comprendre la dimension
mondiale de cette réflexion, à convertir nos propres modes de vie, et à
nous interroger sur nos modes de consommation et notre sens de la
solidarité. Je vais vous faire une confidence et, je l’espère,
vous mettre en appétit : l’équipe qui prend en charge sur la paroisse
l’organisation de ce que nous appelons les « Matinées pour
Dieu » prépare déjà une rencontre prévue en fin d’année 2008 sur
le thème : « Quel monde laisserons-nous à nos
enfants ? »
Soyons lucides et ne perdons pas
l’espérance qui nous anime : Jésus nous redit, en appelant Lazare
hors de son tombeau : « Je suis la résurrection et la vie.
Qui croit en moi, même s’il meurt, vivra »
André ROUL, diacre permanent.
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