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Dédicace de la Basilique du Latran


Homélie du 09/11/2008

    Il y a huit jours, nous avons  fêté la Toussaint, célébré tous les hommes et femmes qui sont aujourd’hui rassemblés dans l’Amour du Seigneur ; nous avons célébré l’Eglise du ciel à laquelle nous sommes tous appelés. Les saints ont été, comme nous, pèlerins sur cette terre et ont construit, à leur manière, un monde plus humain, l’Eglise du Seigneur, le Royaume de Dieu.
    Les textes de la liturgie de ce jour nous invitent à réfléchir sur notre Eglise, Eglise des hommes d’aujourd’hui, sous trois angles différents : l’église, temple de Dieu construite de main d’homme, l’Eglise fondée sur le Christ, l’Eglise peuple de Dieu.
    Ezéchiel, dans sa vision, nous invite à faire le tour du temple de Dieu, le temple de Jérusalem, là ou se rassemble le peuple, là, où montent les tribus d’Israël. Ce temple, et ce qu’il en reste aujourd’hui, est emblématique pour le peuple juif. De même, toute église dans le monde, est le lieu d’une communauté chrétienne qui se rassemble pour prier. Lorsque ces églises de pierre ou de bois sont attaquées, brulées, détruites, comme cela se passe malheureusement en Irak ou dans certaines régions de l’Inde, la communauté chrétienne est très affectée, et atteinte au plus profond d’elle-même, car l’église est lieu de ressourcement et de célébration pour les croyants, un lieu, comme le dit Ezéchiel, ou l’eau jaillit, irrigue, fait pousser les arbres et mûrir les fruits. Nos églises Saint Léger et Sainte Bernadette nous y tenons ; c’est un lieu de vie et de prière, quand nous y sommes rassemblés comme ce dimanche, ou lorsque nous venons discrètement nous y recueillir.
    Mais l’Eglise, pour nous chrétiens, c’est d’abord, la communauté rassemblée autour du Christ. Dans les pays où sévissent les persécutions et les destructions d’églises, les communautés chrétiennes, même réduites au silence, peuvent rester vivantes autour du Christ. Les églises des catacombes ou, plus récemment, l’Eglise du silence de l’ex union soviétique, nous en donne un témoignage lumineux. « Vous êtes la maison que Dieu construit, dit Saint Paul,  les fondations, c’est Jésus Christ ». Dans l’évangile selon Saint Jean, il est clair que le vrai temple n’est pas fait de pierres mais d’hommes et de femmes ; ce sont les pierres vivantes dont le Christ est la tête.
    Eglise de Dieu, lieu de ressourcement, Eglise de Dieu rassemblée autour du Christ, Eglise de Dieu aujourd’hui habitée par l’Esprit. Jésus n’est plus sur terre, mais il nous a laissé son Esprit. Saint Paul nous le rappelle vigoureusement : « N’oubliez pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit habite en vous ; le temple de Dieu est sacré et ce temple, c’est vous ». Le message est clair : tout homme est sacré, car l’Esprit de Dieu habite en lui, et, à ce titre, il doit être respecté par ses semblables. C’est parce que nous sommes tous habités par son Esprit que nous formons tous ensemble le peuple de Dieu, l’Eglise du Seigneur ; et chaque génération de Chrétiens, à sa manière, participe à la construction de l’Eglise du Christ.

    Mais l’Eglise de Dieu ne se construit pas n’importe comment. Saint Paul nous alerte : que chacun prenne garde à la façon dont il construit. Le concile Vatican II insiste sur l’étroite solidarité de l’Eglise avec l’ensemble de la famille humaine. La construction de l’Eglise et d’un monde plus humain vont de pair. A chacun de prendre sa part dans cette construction en répondant aux appels de l’Esprit, qui le plus souvent passent par nos frères, si nous savons les entendre. Trois attitudes sont fondamentales pour ne pas construire l’Eglise n’importe comment :
En préalable, avoir un cœur disponible, avoir le courage de faire place nette de « chasser les marchands du temple » qui envahissent nos pensées et notre cœur ; notre âme est souvent encombrée de désirs contradictoires : colère, ambition, jalousie, individualisme, matérialisme ambiant qui tarit en notre âme la source divine. Faisons de la place pour recevoir la grâce de Dieu et l’appel de nos frères.
Prier et agir sont deux pôles indispensables de la vie chrétienne. Pendant sa vie sur terre, le Christ a constamment alterné sa mise à l’écart pour prier son père,  avec sa vie au contact des hommes et des femmes de son temps. Agir sans se nourrir à la source, agir sans prier, devient de l’activisme. Prier et rester dans une spiritualité désincarnée est stérile. « Si je n’ai pas la charité, je ne suis rien » dit saint Paul.
Discerner ce à quoi je suis appelé : Quelle est la béatitude que j’ai à vivre plus particulièrement ? Etre artisan de paix ? Œuvrer pour la justice ? Etre témoin de la douceur et de la miséricorde de Dieu auprès des malades, des affligés ? Prenons le temps de nous poser la question et d’y répondre en fonction de notre âge, de nos qualités, de notre savoir faire…

Pour mon ordination j’avais choisi cette phrase forte du concile Vatican II : « les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur. Leur communauté, en effet, s’édifie avec des hommes rassemblés dans le Christ, conduits par l’Esprit-Saint dans leur démarche vers le Royaume du Père ». Ensemble, construisons l’Eglise du Seigneur, en étant attentifs aux appels de l’Eglise et de nos frères.
Amen !

Yves MICHONNEAU, diacre permanent.

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