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retour vers l'accueil3° dimanche de l'Avent
« Qui
es-tu ? » Cette question est posée à Jean Baptiste. Il est
connu pourtant, et tout le monde sait qu’il se nourrit de sauterelles
et de miel sauvage.
Tout le monde sait qu’il est vêtu d’une peau
de bête. Ce qu’on veut, c’est connaître son identité, non pas ce qu’il
fait, mais en quel nom il le fait.
« Qui es-tu ? »
Il répond par la négative, trois fois. A son procès, cette même
question sera posée à Jésus. C’est une question majeure. Elle se pose
encore à nous et nous n’avons jamais fini de chercher à y répondre.
Jean
se présente alors : « je suis la voix qui crie à travers le
désert : Aplanissez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète
Isaïe. » Jean est venu
comme témoin, pour rendre témoignage à
la Lumière. Témoin, il sera le premier martyr de Jésus. Jean s’efface
pour que Celui qu’il annonce grandisse.
Ses disciples, il les a
envoyés suivre cet Autre, le Messie. Il est le type même du croyant.
« Celui qui ne voit pas, mais qui croit. » Comme tout témoin,
il parle d’un autre et non pas de lui.
Aujourd’hui est mis en
avant cette annonce ‘’ le Seigneur vient’’, c’est pourquoi ce
troisième dimanche de l’avent s’est revêtu de joie.
« Je tressaille de joie dans le Seigneur » s’exclame Isaïe.
Nous venons de chanter « J’exulte de joie en Dieu, mon sauveur ! »
reprenant
ainsi les paroles du prophète et de Marie qui chantait dans son
Magnificat : « Mon âme exalte le Seigneur »
Cette
joie n’est pas un moment d’euphorie passagère. C’est une joie profonde
telle que Dieu la souhaite pour
nous.
Reprenons la première lettre de Saint Paul. Il a reçu de
bonnes nouvelles de la communauté de Thessalonique. Il a dû la quitter
hâtivement en raison de la persécution. Timothée lui dit que celle-ci
tient bon dans l’épreuve. Plein de joie, il leur écrit avec tendresse.
Paul en fait même une exhortation. « Soyez toujours dans la joie.
C’est ce que Dieu attend de vous dans le Christ Jésus »
Cette
joie est liée à la prière, à l’action de grâce et à la foi. C’est pour
cela que le maître mot d’aujourd’hui retenu dans notre
chemin d’avent est celui de « Prier ». La joie n’est-elle pas
un des fruits de l’Esprit ? La joie d’aujourd’hui émerge doucement
au milieu des épreuves et annonce celle de demain...
La joie, de
façon plus simple, nous la connaissons déjà dans notre vie quotidienne.
Quand nous la ressentons, nous avons envie de la dire, de la crier, de
la faire partager dans la rencontre avec d’autres. Joie d’une
naissance, joie de l’amour d’un nouveau couple, joie d’une réussite à
un examen, à une compétition, à une entreprise professionnelle ou même
de solidarité... Ces joies là, nous avons envie de les transmettre
comme de bonnes nouvelles. N’est-ce pas ainsi que l’on prie ?
Rencontrer le Seigneur pour lui parler, le remercier en lui disant ce
qui nous réjouit, dans une action de grâce pour tout ce qu’il nous
donne.
Pour annoncer, il faut croire en cette promesse d’un Dieu qui
nous envoie son Fils pour nous sauver. Chrétiens, nous en sommes à
notre tour les témoins. Un témoin, c’est celui qui a vu et entendu. Il
parle de ce qu’il a reconnu.
Aujourd’hui, est-ce que je suis celui qui sait reconnaître « l’Esprit de Dieu à l’œuvre en cet âge ? »
Est-ce
que je sais voir et clamer les actions de paix, de solidarité qui se
vivent et qui disent l’Amour en marche pour changer la face du
monde ?
Je pense à ces parents qui retrouvent leur bébé
enlevé. Ils ont dit doucement, en premier lieu, leur profond sentiment
que la femme en cause est en grande souffrance. Ils ne l’ont pas
accablée, ils lui ont redonné dignité en reconnaissant d’abord sa
blessure. Ils ont témoigné du besoin d’amour de tout être. Je pense à
ces hommes et ces femmes de divers horizons qui ont marqué la
déclaration des droits de l’homme, il y a 60 ans, rappelant au monde la
valeur unique de tout être humain, ainsi que Dieu l’a voulu.
Je ne
sais pas si ces gens sont croyants. Peu importe. Ils sont l’image, à
mes yeux, de tous ces inconnus, fondus dans l’anonymat de tous les
autres, qui, au quotidien, témoignent de l’amour de Dieu pour l’homme.
Tous,
sans le savoir peut-être, ils sont annonceurs d’espérance, visage de
l’Eglise dans notre monde, comme l’ont été, de façon plus visible, sœur
Emmanuelle ou l’abbé Pierre.
Oser parler du Christ, le faire connaître en vivant de son message, par des actes en accord avec la Parole, c’est témoigner.
Tenir caché le Christ, ne pas vivre en harmonie de gestes et de paroles, c’est renier la mission de baptisés.
Etre témoin, c’est la mission qui nous est confiée. « Vous serez mes témoins jusqu’aux extrémités de la terre »
Nous
avons eu la joie de connaître la Lumière par des parents, des
éducateurs. Nous avons la grâce de l’avoir reçue par le baptême.
Nous avons maintenant la charge du relais, celle de dire notre foi, celle de la vivre.
Saint
Jacques nous le rappelle dans sa lettre : « Si un frère
ou une sœur sont nus, et que l’un d’entre vous leur dise :’’Allez
en paix, rassasiez-vous’ sans leur donner ce qui est nécessaire à leur
corps, à quoi cela sert-il ? Ainsi en est-il de la foi, si
elle n’a pas les œuvres, elle est tout à fait morte. »
Jean
le baptiste reconnaît qu’il n’est pas le messie. Il mesure la distance
qui le sépare de celui qu’il annonce. Il a une mission, celle de
baptiser dans l’eau pour préparer sa venue. « Au milieu de vous se
tient celui que vous ne connaissez pas. »
L’accueillir et le reconnaître en ayant foi en lui, c’est ce qui sera notre joie !
le 14 décembre 2008
Jean François NEAU, diacre permanent.
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