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4° dimanche de l'Avent


Voici la servante du Seigneur

« Voici la servante du Seigneur : que tout se passe pour moi selon ta parole ! » C’est la réponse de Marie à l’appel de Dieu que vient de lui transmettre l’ange Gabriel. Et cette réponse est tellement importante pour le monde entier que l’Eglise se rappelle ce récit trois fois par jour lors de la prière de l’Angélus. Les cloches de nos églises sont là pour nous le rappeler. A quelques jours de la naissance  qu’elle attend, il est bien normal que la jeune maman se souvienne de cette rencontre qui est venue bouleverser sa vie, et … la nôtre. « A cette parole, elle fût toute bouleversée. » nous dit Luc.
Souvent, dans notre vie, nous faisons des projets, nous établissons notre itinéraire, et c’est bien normal. Nous rêvons aussi que les choses se passent comme nous les avons imaginées, confondant parfois notre propre désir avec celui du Très-Haut. C’est ce qui arriva à David. Depuis qu’il a été choisi pour succéder à Saül, alors qu’il n’était qu’un petit berger, il est devenu un grand roi et a réussi à fédérer les 12 tribus d’Israël autour d’une capitale : Jérusalem. Mais il est un peu gêné d’habiter un palais alors que l’arche de Dieu habite sous la tente. C’est donc tout naturellement qu’il propose à Nathan la construction d’un temple, afin de partager la gloire qui est la sienne avec le Seigneur qui l’a délivré de tous les ennemis qui l’entouraient .Dans un premier temps, Nathan valide ce projet qui part d’une bonne intention, vous en conviendrez. Mais la nuit porte conseil, même aux prophètes. Cette nuit là, Dieu vient dire à Nathan ce qu’il en pense, et il faut bien reconnaître que les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées, comme dit Isaïe. Dieu refuse fermement le cadeau de David. « Ce n’est pas à toi de me bâtir une demeure, » lui dit-il en substance, car je ne t’ai rien demandé. On ne met pas la main sur Dieu ; Il est présent partout, Il est libre ; on ne l’assigne pas à résidence ; c’est lui qui offre d’habiter au milieu de nous et de nous accompagner dans notre marche.
En revanche, Dieu reprend l’initiative en portant bien plus haut le projet de construire un temple : « Le Seigneur te fait savoir qu’il te fera lui-même une maison… » Voici la promesse, celle qui nourrira la foi et la prière du peuple d'Israël pendant des siècles. Dieu a toujours des projets plus grands que les nôtres. C'est le mystère dans lequel il nous invite à entrer. Qui d'entre vous n'a pas fait l'expérience d'un projet personnel qui ne se réalisait pas tout à fait comme prévu, voire même qui était complètement contrarié par une épreuve? Mais à la relecture, n'y avez-vous pas découvert un itinéraire par lequel Dieu vous avait fait passer pour vous entraîner plus haut?
Lorsque Marie reçoit la visite de l'Ange, ne pensez-vous pas que tous ses projets de jeune fille vont être contrariés? Avec son fiancé Joseph, ils avaient dû faire des projets comme tous les jeunes mariés du monde et rêver à la famille qu'ils allaient construire ensemble, aux petits enfants qu'ils auraient un jour, peut-être. Et voilà que l'Ange lui rappelle toutes les promesses de l'Alliance, toute l'espérance que le peuple d'Israël nourrit depuis que David s'était mis dans la tête de construire une maison pour son Seigneur. Et cette jeune fille toute simple, qui habite Nazareth, un village dont on n'a jamais entendu parler dans la Bible, un village éloigné de la ville Sainte, là-bas, dans la Galilée des nations, voici cette jeune fille héritière de la promesse, tout çà parce qu'elle est promise en mariage à Joseph, de la maison de David. On comprend qu'elle soit bouleversée lorsque l'ange la salue, sans même l'appeler par son nom (il la nomme Comblée de grâce). Pourtant, Marie ne conteste pas; elle ne dit pas: « Pourquoi-moi? » Elle ne doute pas non plus. Elle demande seulement « comment cela va-t-il se faire? » Et la réponse de l'ange lui révèle que la gloire de Dieu va la couvrir de son ombre, comme autrefois la nuée lumineuse qui accompagnait l'arche d'Alliance pendant l'Exode, après la libération de l'esclavage d'Egypte. C'est alors la réponse de Marie, son FIAT . Elle adhère sans réserve au projet de Dieu  dans l'obéissance de la foi selon l'expression de St Paul.
Aujourd’hui, l’obéissance n’a pas bonne presse, sauf peut-être pour les parents qui aimeraient que leurs enfants soient un peu plus dociles. L’obéissance nous évoque la servilité, l’abandon de notre personnalité, presque ; dans la Bible, au contraire, il évoque la confiance. Le verbe latin, ob-audire , évoque l’attitude amoureuse de celui qui écoute en plaçant son oreille tout près de la bouche de celui qui parle. Dans la Bible, obéir, c’est écouter amoureusement, dans la confiance : foi et obéissance sont synonymes. N’est-ce pas l‘attitude que nous découvrons chez Marie dans la scène de l’Annonciation ? N’est-ce pas l’attitude que nous devrions adopter dans la prière, notamment dans l’Oraison ?  Notre prière se limite trop souvent à une litanie de demandes : « Seigneur, fais que… » Mais qu’en est-il lorsque Dieu est demandeur ? lorsque Dieu nous appelle à un changement, ou à servir ? Savons nous prendre du temps pour lui donner la Parole ? Marie s’est mise à l’écoute de la Parole et a accepté de la servir.
Devant la disponibilité humaine, Dieu est en mesure de transformer un projet humain en projet divin. Ne disons pas trop vite que nous n’en avons pas les capacités. Hormis sa grande disponibilité, Marie n’avait guère de mérites particuliers. L’ange ne l’a pas saluée par des titres universitaires, mais il l’a appelée : Comblée de grâce. Sa dignité venait de l’amour de Dieu pour elle. Cela a suffi pour qu’elle soit en mesure d’assumer de si lourdes responsabilités. La volonté de Dieu sur nous ne relève pas du caprice. Le Seigneur n’a pas demandé à Marie de renoncer à épouser Joseph. Mais il lui a demandé si elle voulait bien être la mère du Sauveur. Dieu nous demande aujourd’hui quelle place nous voulons bien lui réserver dans nos projets.
Tout à l’heure, en proclamant le Notre Père, nous dirons : « Que Ta volonté soit faite ! » Sa volonté, ce n’est pas d’habiter un temple somptueux rempli d’or, c’est d’habiter le cœur de l’homme, le cœur de tous les hommes. Vous l'avez bien compris, ce que le Seigneur a réalisé à travers la vocation de David, c'était pour tout le peuple d'Israël. Ce qu'il a réalisé lors de l'Annonciation dans la vie de Marie, c'était pour tous les hommes de tous les temps. « Toutes les générations me diront bienheureuse. » chante-t-elle dans le Magnificat Alors, n'ayons pas peur de nous mettre sous la bouche du Seigneur pour mieux le connaître et mieux nous ajuster à sa volonté. N’ayons pas peur d’écouter son appel et d’y répondre. Ainsi, en nous, Jésus  prendra naissance…
Et nous serons vraiment ses serviteurs pour que « ce mystère soit porté à la connaissance de toutes les nations pour les amener à l’obéissance de la foi. »


Jean-Jacques BOURGOIS, diacre permanent.
Les Moutiers & La Bernerie
Le 21 décembre 2008



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